L’essentiel :

Pour sécuriser des œuvres protégées au titre des monuments historiques, vous devez impérativement faire appel à la Conservation départementale des Antiquités et Objets d’Art (CAOA) qui établira avec vous un programme de travaux. Car si certaines règles ne sont pas respectées, des dégradations importantes pourraient arriver. Des subventions peuvent être octroyées dans certains cas pour ces travaux.

1 - Pourquoi sécuriser mes objets ?

Parmi l’ensemble des biens culturels patrimoniaux, le patrimoine mobilier des églises est sans doute le plus fragile. Au-delà de son intérêt artistique, ce patrimoine est aussi le témoin de la vie et de l’histoire de communautés. Ayant parfois perdu son usage premier, il est souvent menacé.

Les objets protégés au titre des monuments historiques sont des trésors patrimoniaux et des trésors nationaux en ce qui concerne les objets classés (article L. 111-1 du code du patrimoine).

Il est du ressort de chacun - et en particulier des communes propriétaires de ces objets - de s’assurer de leur préservation et de leur transmission aux générations futures.

Chaque année, des objets monuments historiques disparaissent du fait de vols ou d’actes malveillants. Afin de lutter contre ces vols, il importe de sécuriser les bâtiments qui abritent les objets monuments historiques et de s’assurer que ces objets sont exposés de manière à garantir leur sécurité.

Le présent document est là pour vous guider dans vos démarches.

2 - Comment sécuriser efficacement un bâtiment ?

Les objets monuments historiques sont principalement exposés dans des bâtiments accueillant du public. Les objets exposés dans des églises sont particulièrement vulnérables car celles-ci sont généralement ouvertes, sans moyens de surveillance permanents.

Aux heures d’ouverture au public, la surveillance humaine est le meilleur moyen de sécuriser les objets.

Il est important de s’assurer que les objets eux-mêmes sont exposés de manière sécurisée (référez-vous à la section ci-dessous sur le système de fixation des objets).

En dehors des heures d’ouverture au public, il faut s’assurer que le bâtiment est bien sécurisé.

5 conseils pour sécuriser un lieu ouvert au public :

• Si possible, motivez des personnes de bonne volonté pour surveiller l’édifice lorsqu’il est ouvert au public, quitte à restreindre les horaires d’ouverture.
• Lorsque l’édifice n’est pas surveillé, limitez les horaires d’ouverture. Nous vous déconseillons de l’ouvrir trop tôt le matin, après la tombée de la nuit, ou encore à l’heure du déjeuner. Des plages horaires courtes sont préférables à une fermeture pour cause de vols ou dégradations.
• Si une visite est sollicitée en dehors des heures d’ouverture, veillez à accompagner les visiteurs. En aucun cas la clé ne sera confiée sans formalités : il faut noter l’identité des personnes qui empruntent les clés.
• Un édifice bien entretenu donne l’impression d’être « habité ». Cela diminue le risque de vol.
• La sensibilisation du public est importante. Elle peut se faire par l’intermédiaire de feuillets qui décrivent l’édifice et ce qu’il contient, en insistant sur la valeur patrimoniale des objets, et non sur leur valeur vénale. Cela peut dissuader d’éventuels larcins.

5 conseils pour assurer la sécurité d’un bâtiment non surveillé :

• Les clés de l’église doivent être en nombre limité et localisables à tout moment.\ Il est important de tenir à jour une liste des personnes disposant des clés (exemple : avoir une liste en mairie avec les coordonnées à jour des dépositaires et la mention des emprunts occasionnels, même de courte durée).
• Les clés doivent être conservées dans un endroit sûr. Qu’il s’agisse de clés du bâtiment, de la sacristie ou de meubles :elles ne doivent jamais être dissimulées sur les lieux, mais plutôt être accrochées à un trousseau de clés.
• Vérifier que tous les accès à l’édifice sont fermés à clé lors de la fermeture. Ne pas oublier de vérifier les issues de secours ou les issues secondaires, ainsi que les espaces intérieurs (sacristie par exemple).
• S’assurer que toutes les fenêtres sont bien fermées, en particulier les vitrages accessibles.
• Ne pas laisser d’échelles ou d’escabeaux accessibles dans l’église, ils pourraient faciliter la tâche à des voleurs.

Astuce

Les serrures anciennes, bien entretenues ou restaurées par un serrurier qualifié, constituent un moyen de sécurité particulièrement efficace.

Ce dispositif peut être complété par des moyens modernes, à condition d’être installés par des professionnels qualifiés (systèmes d’alarmes, clés de sécurité non reproductibles par exemple)

Sensibilisation du voisinage au risque de vol

Si la localisation de l’édifice est isolée, il est important de sensibiliser le proche voisinage au risque d’intrusion dans l’église.

Afin de protéger les biens dans l’édifice comme les voisins eux-mêmes, des consignes précises doivent être données aux voisins volontaires : contacter immédiatement la gendarmerie et la mairie en cas de tentative d’intrusion dans l’édifice, ne pas se confronter directement aux intrus, etc…

3 - Comment sécuriser les systèmes de présentation des objets ?

En plus de la sécurisation de l’édifice, il faut vous assurer de la qualité des accrochages et fixations des œuvres présentées au public. C’est particulièrement vrai pour les objets de petits formats, quel que soit leur lieu d’exposition.

Pour sécuriser des œuvres protégées au titre des monuments historiques, vous devez impérativement faire appel à la Conservation départementale des Antiquités et Objets d’Art (CAOA) qui établira avec vous un programme de travaux. Car si certaines règles ne sont pas respectées, des dégradations importantes pourraient arriver. Des subventions peuvent être octroyées dans certains cas pour ces travaux.

Annuaire des CAOA par département

Après échange avec un conservateur de votre département, l’intervention d’un restaurateur qualifié permettra d’identifier et d’installer le meilleur système de fixation pour éviter de porter atteinte à l’œuvre. Par exemple :

• Tableaux : prévoir des attaches sécurisées, multiplier les points d’accrochage sur les supports, placer des mises à distance… Présenter les œuvres suffisamment en hauteur permettra également de les rendre difficiles à atteindre.
• Sculptures : faire des soclages ou des scellements spécifiques, privilégier la mise sous vitrine ou la mise sous clé de sculptures de petites tailles.
• Orfèvrerie, textiles et autres objets de petites tailles non sécurisables par fixation : ces objets doivent être sécurisés par un rangement soigneux dans une armoire ou un local qui ferme à clé, idéalement séparé des locaux accessibles au public.

Astuce

Dans les églises, la sacristie est un lieu tout à fait approprié pour entreposer les objets qui ne peuvent pas être fixés - a condition que celle-ci ferme à clé. Avec l’accord du clergé affectataire, vous pouvez y déplacer les objets qui vous sembleraient les plus vulnérables. Ces regroupements d’objets constituent dans certains cas des “trésors d’église”, sécurisant les objets de plusieurs communes.

4 - Autres moyens de sécurisation

Le maintien de l’objet dans son lieu d’origine est à privilégier, afin de préserver la cohérence de son histoire et sa connaissance par les citoyens locaux. Toutefois, si l’objet ne peut pas être mis en sécurité in situ via la sécurisation du bâtiment ou via un système de fixation approprié, deux options s’offrent à vous :

• créer des réserves particulières (en mairie ou dans un bâtiment qui répond aux règles de sécurisation énoncées précédemment)
• déposer à la cathédrale les objets qui ne pourront pas être sécurisés dans la commune. Une convention de dépôt sera alors établie entre le propriétaire de l’œuvre et l’État (DRAC - Conservation Régionale des Monuments historiques) en liaison avec le conservateur des antiquités et objets d’art (CAOA) du département.

Dès l’instant où les conditions de sécurité et de bonne conservation de l’objet sont rétablies dans son site d’origine, son retour en ce lieu est très souhaitable.

5 - Les 4 étapes qui doivent accompagner ces mises à l’abri :

• Obtenir l’accord de l’affectataire (généralement l’association diocésaine ou son représentant)
• Prévenir le Conservateur des Antiquités et Objets d’Art (CAOA) de ce changement de localisation
• Signaler ces dépôts lors de chaque recensement effectué par l’équipe CAOA du département
• Mettre à jour vos éventuels inventaires communaux

6 - Enjeux de sécurité liés aux incendies

Pour mitiger les risques liés aux incendies, vous devriez dès aujourd’hui :

• Avoir des extincteurs dans l’édifice et vérifier chaque année qu’ils fonctionnent.
• Vérifier que l’installation électrique dans l’édifice n’est pas trop vieille ou défaillante.
• Vous assurer d’avoir un paratonnerre sur le clocher de l’église si c’est le plus haut sommet de la commune.
• Contactez les sapeurs-pompiers pour organiser une visite des lieux qui abordera les questions relatives à la sécurité incendie. Cela leur permettra de prendre connaissance du site, de ses caractéristiques et améliorera les conditions d’une intervention d’urgence.\ Signalez-leur à cette occasion la présence d’objets répertoriés pour leur intérêt patrimonial.

Des dispositions sont aussi à prendre au niveau municipal et avec les voisins de l’église, en anticipation d’un éventuel incendie :

• Le ou les détenteur(s) des clés (maire, voisin, résidents du presbytère…) doivent être clairement identifiés par les personnes qui risquent de repérer le sinistre en premier, généralement les plus proches voisins.
• Les clés doivent être accessibles à tout instant en cas d’urgence (jour, nuit, période de vacances…). A l’arrivée des sapeurs-pompiers, elles seront ainsi immédiatement à leur disposition.
• En outre, une ou plusieurs personnes de la commune doivent pouvoir signaler aux pompiers où se trouvent les objets particulièrement fragiles ou précieux.

Source : Geneviève Rager, La conservation des objets mobiliers dans les églises, Outil d’auto-évaluation, Ministère de la culture et de la communication,direction de l’architecture et du patrimoine, 2004